Expédition AVRIL 2003

 

 

Conduite par Fabienne, Frederique, Veronique et Severine, l'expédition Avril 2003 a fait route pour le Royaume de LO MANTANG.

La mission a été de suivre un itinéraire dans le royaume du haut Mustang pour distribuer des cahiers, stylos, crayons de couleurs, gommes,... et pour relever un questionnaire sur toutes les écoles publiques.

 
   

MUSTANG,

UN PAYS EN DEHORS DU TEMPS

Qui n'a pas rêvé un jour de pénétrer de lointaines et inaccessibles régions ???

C'est en remontant à pied la vallée de la rivière Kali Gandaki, que nous arrivons, Séverine, Frédérique, Fabienne et moi ainsi que notre équipée d'une douzaine de sherpas, porteurs et d'une quinzaine de mules dans le village de Kagbeni, porte d'entrée vers le Mustang ou commence notre aventure sur ces terres interdites.
Située au Népal, a la frontière du Tibet, au-delà des Annapurnas, cette région fermée demeure encore une enclave tibétaine médiévale qui a su préserver ses institutions religieuses et politiques.
Elle n'accueille aujourd'hui qu'une poignée d'occidentaux. Le gouvernement népalais n'autorise que mille étrangers par an afin de protéger la culture unique de cette région du tourisme de masse.

Une profonde émotion nous envahit alors que nous découvrons soudain l'objet de nos rêves : Le Mustang. Nous allons maintenant pouvoir nous consacrer au but de toute cette expédition : Les visites d'école et la distribution du matériel scolaire pour l'Association " Mustang Education " .

Des le premier coup d'œil, cette muraille de canyons spectaculaires, de montagnes, de glace, bouchant l'horizon sur des centaines de kilomètres a des hauteurs gigantesques, nous apparaît majestueux, sans défaut, sans la moindre faille. Les sommets de 8 000m succèdent aux sommets de 7 000m. Les Nilgiris, élégants, étincellent 4 000m au-dessus de nous.
La luminosité est si intense qu'elle nous oblige à cligner des yeux.
Nous sommes écrasées par la grandeur de ce site. Ici règne la tranquillité et le secret des temps passes.
Désormais cette vision ne nous quittera plus.

Cette région offre un spectacle étonnant. Au printemps, elle est envahie par un soleil de plomb qui grille toute végétation, mais nous pouvons aussi l'imaginer noyée sous les pluies diluviennes de la mousson ou encore recouverte de la neige épaisse de l'hiver.
Une terre aride témoigne du souffle continu du vent qui règne dans ce royaume. Nous sommes
souvent surprises par des tourbillons de poussière qui montent en chandelle. Des vents violents
balaient la vallée de la Kali Gandaki ou nous marchons dans un enfer de rocaille.
Nous aurons souvent l'occasion de traverser cette longue plaine caillouteuse, travaillée depuis des siècles par le cours impétueux et irrégulier de cette rivière qui a réussi à tailler à travers la grande chaîne himalayenne un corridor colossal.

Au pied de cette vallée, nous découvrons les villages de Tangbe, Chuksang, Chele, visitant au passage quelques monastères ou " gompas " qui sont des centres importants de la vie spirituelle. Les grandes fêtes annuelles s'organisent autour d'eux.
Chaque village forme des oasis de verdure dans ce décor minéral étonnant qui rappelle les grands plateaux tibétains. A leur approche, nous apercevons les banderoles sacrées auxquelles le vent, en soufflant, libère les prières.
Les maisons sont de véritables fortins aux fenêtres joliment colorées. Et il est toujours très difficile de découvrir la vie de leurs habitants, même si la plupart d'entres elles, sont des caravansérails ou le voyageur de passage trouvera un foyer pour la nuit.
De nombreux enfants sales sont toujours la pour nous accueillir, nous entourer. Ils observent nos moindres gestes avec curiosité. Découvrant le but de notre passage, un sourire se fige sur leur visage et ces joyeuses frimousses nous amènent jusqu'à leur école, ou nous présentons notre association " Mustang Education ". Les instituteurs nous expriment bien souvent leur reconnaissance, leur enthousiasme devant tant de matériels qui vont leur permettre de travailler dans des conditions inespérées : cahiers, crayons, gommes, un kit de géométrie pour les enfants. Feuilles de papier, craies, ciseaux, cutters, colle, scotch, calculette, jeux de cartes pour les instituteurs et enfin des ballons de football, des cordes a sauter et des posters éducatifs pour l'école. Nous échangeons quelques idées sur des projets que nous pouvons développer ensembles, et bien souvent, une tasse de thé en main offerte par leurs femmes, nous nous quittons après la photo de groupe qui mémorisera ce moment.

Notre périple continue, toujours accompagné du bruit des cloches accrochées au cou de nos mules, dont le chargement représente la moitié de leur volume. Nous traversons les villages de Samar, Giling, Tsarang, Marang après avoir atteint des cols de plus de 4 000 mètres qui nous semblent parfois tout simplement infranchissables. C'est à chaque fois une épreuve car nous souffrons de l'altitude et de l'essoufflement. Une fois le col atteint, tradition oblige, nous ramassons tous une pierre que nous déposons au sommet d'un monticule, appelé mandala, en témoignage de notre passage. Sur notre chemin, nous sommes souvent guidées par des troupeaux de chèvres, cabris ou moutons.
Les animaux tiennent une place considérable dans cette région, la chèvre est la divinité protectrice du royaume, tandis que le crâne du cheval constitue la meilleure défense contre les démons.

Plus nous avançons vers la capitale, Lo Mantang, située aux portes du Tibet, plus la végétation se fait rare. Quand enfin Lo Mantang nous apparaît, elle semble surgie d'un conte, ceinturée de murailles d'adobes, briques rudimentaires mêlées de pailles séchées au soleil. Elle renferme, outre son modeste palais, de très beaux monastères.
Le Mustang est gouverné par son roi, sa Majesté Jigme Dorie Trandul. Il était dans son palais d'été lors de notre passage, nous n'avons donc pas pu le rencontrer.
Nous apprécions notre balade ensoleillée dans cette capitale, a travers son labyrinthe de petites ruelles boueuses ou nous découvrons, comme bien souvent, son mur de moulins a prières qui témoignent de la piété des habitants qui n'omettent jamais en passant de faire tourner joyeusement le cylindre métallique sur lequel sont gravées des paroles sacrées.
Ces tibétains, bouddhistes, très respectueux des traditions, ont su conserver intact le patrimoine spirituel de leurs ancêtres, bien que les croyances magiques et animistes soient encore largement répandues dans ces régions.
Des enfants pataugent dans le cours d'eau qui traverse le village, un morceau de savon en main, pendant que les femmes lavent leur vaisselle et prennent l'eau pour le thé. Toutes ces tibétaines portent des tabliers colorés et seyants sur leur robe traditionnelle, ainsi que des colliers de corallines et de turquoises. De type mongoloïde, elles sont sures de leur charme, et rient de toutes leurs dents ; certaines sont en or, signe de richesse. Les hommes tissent ici comme jadis nos bergères. Cette activité leur a toujours été réservée. Avec des poils de yack ou de la laine de mouton ils arrivent à fabriquer à l'aide de métiers très primitifs, des étoffes remarquablement solides.

C'est un peuple de nomades, qui durant la saison froide, descendent vers les moyennes collines du sud, chargés de laine, d'herbes médicinales séchées, qu'ils troquent contre des céréales, surtout du riz. L'année est ainsi rythmée par ces échanges de produits provenant de deux zones écologiques complémentaires.

Nous redescendons maintenant vers Dhi pour visiter les villages de Yara et Gara, éloignés du chemin de trek traditionnel qui traverse le Mustang, avant d'atteindre Tange, Tetang et à nouveau Kagbeni ou se termine pour nous cette merveilleuse aventure au pays du Mustang.
Sur le chemin du retour, allégées, nous pouvons nous permettre d'augmenter le poids de nos sacs et examiner méticuleusement le moindre galet rond et noir trouvé le long du sentier de la Kali Gandaki dans le but de ramasser des fossiles préhistorique.

A Jomosom, chef lieu administratif de la région, nous reprenons l'avion pour Pokhara, passage obligé avant de retrouver la civilisation a Katmandou.
Bien que fatiguées, cette marche dans ce pays aux beautés multiples et infinies, nous a permis de s'imprégner d'une histoire millénaire et d'un certain sens du religieux.
Marcher, c'est aussi oublier pendant quelques jours notre méticuleux et asservissant découpage du temps, c'est s'ouvrir à la patience asiatique, c'est aussi redonner aux mots : foi, misère, souffrance, dignité, leur sens profond et originel que nos sociétés ont dénaturé.

Aujourd'hui, les objectifs de l'association " Mustang Education " est d'organiser une expédition chaque année, de poursuivre la distribution des fournitures dans les écoles, et de réaliser notre projet de livre/dictionnaire en gurung, (dialecte tibétain), népali et anglais qui permettra une meilleure communication entre les enseignants et les élèves.

Vous pouvez participer à ces projets en devenant membre de l'association et, si le cœur vous en dit, en nous rejoignant lors d'une future expédition.

Nos contacts :
sb@severineblanchet.com
verodeferrieres@hotmail.com

 

October 1997

The entry into this region is so controlled that the number of visitors are limited to less than one thousand a year. Mustang remains a small kingdom of Tibetan culture with extraordinary countryside, plateaux of more than 3500 M ALTITUDE AND BOXED-UP VALLEYS THAT OFFER US THE SPECTACLE OF DEEP CANYONS.

No plants are visible to our eyes, an arid land continuously swiped by the wind that dominates this kingdom. Indeed, this country of the Lo has suffered several general dry seasons that stroke the Tibetan. The water levels of the lakes and rivers have lowered considerably and the forests are disappearing.

Animals play an important role in this region, with the nanny ghost being the protecting deity of the Lo Mantang (the kingdom), horse skulls being the best defence against the demons. The adventure begins at Kagbeni, located above the village of Jomosom. After a police check and my team (me and four mules), proceed with our entry into the restricted area, into a chain of mountains that separates the valley in the form of a basin of the western region of the eastern part of the country. There are about a dozen villages in this region that are situated along the Kali Gandaki rivers.

Our first stop is at Samar, Where we warm up and dry ourselves near the fireplace in the only restaurant in the village. It is in a smoky ambience that I see two women in Tibetan traditional costume adorned with silver ornaments and precious stones, the most numerous being the bright orange colored corralling necklaces alternating with turquoises. Tibet is three days walk away, and here we are drinking its celebrated salted tea.

As soon as the rain stops, we proceed on our way towards the Nya-la located at an altitude of 3950M. at the border of Mustang. We gather a stone in order to place it at the summit of the hillock that we are going to pass on the col.
In the desert, only a rainbow shows us the direction towards the Lo kingdom. The track is magnificent with Tibet and its snow-capped mountains in the background. At about 4 in the afternoon we break camp for Geling.

Finally, I find my self in the country of the unicorns, the Tibetan tongues and writings without any trace of Chinese. The oppression suffered by the Tibetan is present just behind these snowed peaks but here tranquillity and the secret of the times long gone rule.
Dawn breaks, we walk on the Tramar track where met the local in habitants who must be on their way to attend a religious ceremony.
The men are dressed in the Tibetan chuba and carry enormous and expensive belts. The women are even more beautiful in their hand-women chuba, each one of them wearing a flowing silk blouse of lively colors with their chest covered by a cape that is held in place by a very large oval silver fastener in the shape of a peacock. Then a bit farther up on the high plateau, we find a troop of goats with their shepherd who advises us to fasten our steps towards the next village, pointing to the heavy dark clouds hanging over the tops of tye mountains. Thunderstorm catches up with us in the village of Marang where we stop over in a house.


Extrait d`un carnet de bord